Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

« Gena Rowlands, actrice et muse par amour » : les yeux dans les yeux, sur Arte

ARTE – SAMEDI 17 AOÛT À 15 h 20 – DOCUMENTAIRE
« Gena Rowlands, un regard qui ne s’oublie pas », est-il dit au début du documentaire que Sabine Carbon ­consacre à l’actrice nord-américaine, épouse du cinéaste (et acteur) John Cassavetes (1929-1989), avec qui elle tourna sept films, dont l’avant-dernier de celui-ci, Love Streams (Torrents d’amour, 1984).
Mais Gena Rowlands (1930-2024), qui vient de mourir, le 14 août, à l’âge de 94 ans, c’est aussi une chevelure, blonde, opulente, mouvante, serpentine, qui sera sa marque : une large mèche retombant sur un côté du visage, cachant l’œil trop maquillé et humide, le regard qui s’égare dans la folie, les paupières lourdes de la femme vieillissante ou perdue dans l’alcool que cette actrice sublime sut si génialement interpréter.
Alors qu’elle aurait pu devenir une grande vedette d’Hollywood, Gena Rowlands ne le voulut jamais, même si elle collabora avec le système, qu’elle et son époux ­rejetaient, pour faire de l’argent, s’acheter une villa sur les hauteurs de Los Angeles – où ils tourneront beaucoup de leurs films et qu’ils hypothéqueront pour les financer – et s’offrir le luxe d’un ­cinéma vraiment indépendant.
Le documentaire de Sabine Carbon est délicatement nostalgique, filmé en grande partie dans la maison que les cinéphiles connais­sent, avec ce bar dans le salon – qui ressemble au cocon hors du temps d’un bar d’hôtel – qu’on voit dans Love Streams, au décor presque inchangé. Aux murs, des photos, des affiches des films de Cassavetes avec les titres traduits en plusieurs langues européennes, qui rappellent que le travail du couple fut avant tout apprécié à l’étranger.
Un couple que Gena Rowlands évoque sans détour : « Parfois, j’ai eu l’envie de le tuer ou de divorcer, mais en fait, on voulait vraiment le même genre de vie. » John Cassavetes, lui, disait : « Quand je suis avec Gena à Los Angeles, nous sommes un couple ; au cinéma, nous sommes des adversaires. » Elle assure aussi avoir profité des plus belles années de sa vie avec cet homme qui la brûla, la sienne, par les deux bouts.
Après la mort de John, Gena est passée à autre chose, continuant à tourner au cinéma (notamment avec son fils, Nick Cassavetes), se remariant à un homme d’affaires (en… 2012 !). A propos de la mort de Cassavetes, au très jeune âge de 59 ans « après une vie faite de démesure », Gena Rowlands dit : « On ne se remet pas de ce genre de deuil, on le traverse. »
« Gena Rowlands, actrice et muse par amour », documentaire de Sabine Carbon (All., 2017, 55 min). Disponible sur Arte.tv.

en_USEnglish